Trucs et astuces pour participer au festival de films de Sundance

Participer pour la première fois à un événement, particulièrement dans un endroit qui nous est encore inconnu et au sein d’une communauté avec laquelle nous ne sommes pas encore familiers, rend la planification de l'expérience complexe et incertaine. J’avais ce rêve et cette envie de participer au festival de Sundance mais je ne savais pas exactement comment bien planifier mon séjour pour tirer le maximum de mon voyage car je ne connaissais par encore les règles du jeu de cet univers éloigné de ma réalité quotidienne.

La première question que je me suis posée a été : Est-ce que j’ai ma place là-bas? Autrement dit, est-ce que ce festival est réservé aux gens de l’industrie (réalisateurs, producteurs, acteurs, diffuseurs, etc.) ? Les amateurs de cinéma ordinaires comme moi sont-ils admis, acceptés et tout simplement « bien vus » ? Je craignais, d’une certaine façon, d’être perçue comme un « cheveu dans la soupe » ou l’extra-terrestre dans la place.

Comme je me retrouvais un peu devant un néant pour prendre une décision éclairée, mon réflexe a été de demander sur mes réseaux sociaux si je connaissais quelqu’un qui avait déjà participé au festival de films de Sundance. Je n’avais pas beaucoup d’espoir mais, par chance, une amie m’a mise en contact avec une copine québécoise qui habite maintenant à San Francisco et qui participe chaque année au festival de films dans le cadre de son travail. Elle a accepté de prendre un peu de temps avec moi en Zoom et elle m’a donné quelques conseils pertinents. Le premier étant que je n’avais pas à m’inquiéter : le grand public peut aussi participer au festival. Amen!

C’était la seule information dont j’avais vraiment besoin pour passer à l’action. La suite ne serait que logistique. Or, j’ai tiré plusieurs apprentissages à planifier et vivre l’expérience de Sundance, et j’ai pensé que ceux-ci pourront éventuellement intéresser ceux qui voudront s’y rendre à leur tour.

Horaire du festival

Fait important : le festival se tient sur 10 jours, généralement dans la deuxième moitié du mois de janvier, avec des projections à Park City et à Salt Lake City, et on peut séparer l’événement en deux parties (grosso modo : jours 1 à 4 et jours 5 à 10). En 2024, le festival se tenait du 18 au 28 janvier.

La première partie du festival (jours 1 à 4) est très achalandée, car c’est à ce moment qu’ont lieu les activités d’accueil et d’ouverture, que se tiennent les « premières » des films les plus attendus, qu’ont lieu les légendaires partys, que viennent les vedettes les plus connues, etc. C’est pas mal plus vivant et sympa dans la première semaine du festival que la deuxième… sauf qu’il est aussi beaucoup plus difficile d’avoir des billets pour voir des films!

Évidemment, cette rareté peut créer des frustrations pour ceux qui se sont déplacés de loin pour voir des films et vivre l’expérience de Sundance. D’un autre côté, il y a beaucoup moins d’action dans la deuxième partie. Tout dépendant de ce qu’on recherche en participant au festival, on choisira donc d’aller à la première ou la deuxième partie.

Personnellement, je voulais vivre Sundance dans toute son effervescence donc je suis arrivée dès le début du festival, le 18 janvier. Et je n’ai pas été épargnée par la folie de chercher à ma faufiler dans les salles de cinéma, et ce malgré le fait que je me sois procurée le fameux laissez-passer du festival à 850$US.... Explications ici-bas.

Comment voir les films?

Comprendre le système de billetterie

La billetterie ouvre généralement au mois d’octobre, environ trois mois avant le festival. La programmation n’est alors pas connue et ne le sera qu’en décembre, environ un mois avant le début de l’événement. Je ne savais pas si les billets partiraient rapidement donc j’ai acheté mon laissez-passer la seconde où la plateforme a ouvert, le 18 octobre 2023, à midi heure du Québec. Finalement, la billetterie est restée ouverte longtemps par la suite donc j’en ai déduit qu’il ne semble pas y avoir d’urgence ni d’avantages particuliers à être dans les premiers à se procurer un laissez-passer en octobre.

Parmi les différentes options disponibles, j’ai choisi le laissez-passer officiel suggéré par le festival, à 850$US… permettant de voir 10 films… Je sais, ça fait très cher du film! Ceci dit, l’avantage de ce laissez-passer est qu’on obtient une priorité d’inscription une semaine avant ceux qui font le choix de se procurer des billets individuels. Or, je ne voulais surtout pas me rendre là-bas pour finalement ne pas pouvoir voir beaucoup de films et seulement errer dans la ville. Tant qu’à y aller une fois dans ma vie, aussi bien y aller pour vivre l’expérience optimale.

Finalement, la priorité d’inscription n’aura pas fonctionné aussi bien que je l’aurais souhaité (j’y reviens plus bas), mais elle m’a quand même permis d’optimiser mon expérience et je ne regrette pas mon choix.

Choisir ses films et réserver ses places

En décembre, soit environ un mois avant le festival, on reçoit la liste des films qui seront à l’affiche. C’est alors qu’on doit commencer à évaluer quels films nous intéressent le plus et que nous devons planifier notre horaire. L’exercice n’est pas évident car il doit y avoir plus de 80 films présentés au total, et ce dans au moins une douzaine de salles différentes à Park City et Salt Lake City. Aussi, ces films n’ont encore jamais été présentés au grand public. Il y a de nombreux réalisateurs en émergence, les bandes-annonces et les critiques sont inexistantes, les descriptions et les photos sont relativement courtes. Il faut donc suivre son instinct et chercher à bâtir un horaire qui est fonctionnel avec les déplacements entre les différentes salles de spectacle. C’est un beau casse-tête!

Le site web du festival est bien fait pour classer les films qui nous intéressent dans un horaire décent et pour identifier nos films favoris. Je me suis tout de même bâtie un fichier excel à part pour encore mieux visualiser le déroulement de ma semaine et les déplacements que je devrais faire. Et je dois dire que ce fichier a été salvateur pour prendre de bonnes décisions rapidement à l’ouverture de la billetterie…

À titre de détentrice du “Festival Package”, j’avais une priorité d’inscription une semaine avant l’ouverture de la billetterie au grand public. Le dit jour, le 8 janvier, j’étais prête. J’avais choisi mes films et je m’étais fait un horaire équilibré. Curieusement, j’avais remarqué que quelques projections affichaient déjà complètes pour certains films avant même l’ouverture de la billetterie… Certains avaient donc des privilèges encore plus importants que ceux, comme moi, qui s’étaient procurés le laissez-passer du festival, probablement les gens de l’industrie, les familles et les équipes de ceux qui ont réalisé les films.

Quand la billetterie a ouvert, à midi heure du Québec le 8 janvier… le site a planté… Trop de gens tentaient en même temps de réserver leurs places. J’ai essayé sur mon téléphone, et sur un autre ordinateur, et le site ne voulait toujours pas charger. Après une quinzaine de minutes, sinon davantage, le site a commencé à revenir à la vie. C’est alors que j’au constaté que 5 des 10 films que j’avais sélectionnés étaient déjà à guichets fermés…. Je me suis empressée de trouver d’autres films qui pouvaient compléter mon horaire de façon logique (merci à mon fichier excel) avant que tout ne soit vraiment complet (ce qui fut le cas très rapidement). Je me suis quand même retrouvée avec un horaire déséquilibré, avec un film seulement par jour les 3 premiers jours de ma présence au festival, et des films qui n’étaient pas dans mes premiers choix. Nul besoin de dire que j’étais déçue et que je venais de vivre un moment plutôt stressant.

Je me suis donc permise d’écrire à l’organisation pour me plaindre poliment, expliquant que j’avais fait tous mes devoirs pour que tout se passe bien pour moi, que j’investissais beaucoup de temps et d’argent dans ce voyage, mais que je subissais les conséquences de leur bog de site web. Ils ont été très gentils et compréhensifs mais n’ont pas pu m’aider. Ils m’ont alors écrit que je pourrais essayer de voir les autres films de ma sélection en passant par la liste d’attente, mais ce n’était pas clair comment cette liste fonctionnait et j’avais peu d’espoir réel que ça marche pour vrai.

C’est seulement sur place que j’ai compris la mécanique de ces fameuses listes d’attente... et oui, elles fonctionnent! Ouf! Explications.

Les listes d’attente

D’abord, il faut savoir que les listes d’attente ouvrent exactement deux heures avant les projections. On doit avoir fait "pré-valider” notre carte de crédit sur leur système (via leur application) pour s’assurer que le paiement passera bien si on finit par être chanceux et à entrer dans la salle de cinéma. Le prix était de 30$US+tx par billet en 2024. Deux heures avant la projection du film souhaité, pile poil à la seconde, il faut cliquer sur le bouton et s’inscrire. Une seconde de trop et on perd de précieuses positions dans la liste d’attente.

Une fois inscrit.e sur la liste d’attente, on doit se présenter à la projection 30 minutes maximum avant que le film commence. Au-delà de ce délai, il n’est plus possible de faire la file. Ils nous placent en ligne dans l’ordre de confirmation de notre réservation sur la liste d’attente (11e, 70e, 155e, etc.). Quelques minutes avant le début de la projection, ils font entrer un certain nombre de gens selon les places disponibles : parfois moins de dix personnes, parfois presque cinquante.

J’ai réussi à voir deux films de plus pendant mon séjour grâce à la liste d’attente. Et le truc pour avoir la meilleure position possible est d’avoir un ordinateur ou un deuxième téléphone avec l’heure internationale exacte à la seconde près au moment de l’ouverture de la liste d’attente de la projection désirée…

Choisir son hébergement

Le festival de films de Sundance se déroule principalement à Park City, soit à environ à 45 minutes en voiture de Salt Lake City. Il vaut donc mieux trouver un logement directement sur place… même si les coûts sont (vraiment!) hors de prix.

En effet, les hébergements se situent presque tous dans les quatre chiffres par nuit en raison de la forte demande pendant le festival, qui se déroule en pleine saison de ski alpin. Et je n’exagère en rien… Je n’avais rien vu de tel avant.

Heureusement, comme je m’y prenais tôt, il restait encore de la place à l’auberge de jeunesse, Park City Hostel, très bien située dans le cadre du festival… C’était mon option la moins chère, mais le tarif était quand même de 175$CAN la nuit! C’était un pensez-y bien…

Personnellement, j’aime beaucoup les auberges de jeunesse. On y fait toujours de belles rencontres. L’ambiance y est inévitablement dynamique, créative, un peu survoltée. Il y a du mouvement, de la vie. Je cumule beaucoup de précieux souvenirs dans les différents endroits que j’ai visités dans le monde grâce à mes séjours dans les auberges de jeunesse. Et cette fois-ci n’aura pas été différente. J’ai eu le bonheur de rencontrer des gens de partout dans le monde venus eux aussi pour le festival de Sundance, ou pour l’attrait des montagnes. Journalistes du Canada et de l’Allemagne, producteurs de l’Inde et de la France, réalisateurs de l’Espagne et de la Hongrie, passionnés de cinéma de quatre coins des États-Unis, etc.

Ces rencontres n’ont pas de prix et ont forgé des souvenirs inoubliables de mon expérience à Sundance.

Mon conseil concernant l’hébergement serait de le planifier le plus tôt possible afin de profiter des meilleurs tarifs et des meilleurs choix. Dormir la première et/ou la dernière nuit à Salt Lake City de son séjour peut aussi permettre d’économiser.

Se déplacer

Se déplacer dans Park City

Il y a des dizaines d’endroits différents où sont projetés les films ou organisées des activités à travers la ville, et parfois ces endroits sont plutôt éloignés les uns des autres. C’est un enjeu pour planifier un horaire réaliste.

Je diviserais la ville de Park City en trois grand secteurs : Redstone (le secteur plus éloigné qui requiert une bonne planification de ses déplacements, le secteur du “Headquarters” du festival, où se situent de nombreuses salles de cinéma et de théâtre, et le secteur de la Main Street où j’ai compris un peu tardivement que c’est là où se trouvent les bars et se déroulent les “partys”.

Heureusement, il y a un système de navettes entièrement gratuit qui permet de se déplacer d’un lieu à l’autre plutôt efficacement. Nombreux sont aussi ceux qui utilisent les Uber pour se déplacer encore plus rapidement. Par contre, certaines journées, surtout celles au début du festival, c’est-à-dire du jeudi au dimanche, sont si achalandées qu’il y a un traffic monstrueux qui ralentit les déplacements. J’ai d’ailleurs manqué la projection d’un film parce que ma navette était prise dans le trafic.

Mon conseil est donc de bien planifier ses déplacements et de prévoir arriver suffisamment d’avance (45 min à 1 heure avant le film). En arrivant d’avance, on a également un meilleur choix de siège dans la salle, ce qui est aussi appréciable.

Se déplacer de Salt Lake City à Park City

Une navette gratuite du High Valley Transit se déplace de la gare centrale de Salt Lake City jusqu’à Park City. La réservation n’est pas obligatoire mais il faut prévoir le déplacement entre l’aéroport et la gare centrale d’autobus. Il y a aussi des navettes payantes de compagnies privées, ainsi que des taxis et des Uber qui font le trajet directement entre Park City et Salt Lake City (entre 50 et 100$US).

Notez que Salt Lake City est vraiment une ville magnifique et je conseille fortement de prévoir au moins une journée pour la visiter avant ou après le festival.

Sur ce, si vous êtes amateur.rice de cinéma, je vous souhaite de vivre un jour l’expérience du festival de films de Sundance. Ce fut pour moi une semaine extraordinaire et mémorable qui mérite le voyage. Bon cinéma!

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